Milan. Elle est l’une des agglomérations les
plus importantes d’Europe, et pourtant elle est méconnue. Sorte de Gotham City italien, aux boulevards
immenses et rectilignes, aux vitrines luxueuses et aux gratte-ciel Art Déco qui
se propulsent vers les nuages. Les grands halls de ces résidences chics sont
carrelés de marbre et brillamment éclairés. Il faut montrer patte blanche au
concierge avant de pouvoir pénétrer dans l’ascenseur.
Trieste. Elle ne peut cacher qu’elle est une
ville croupion. Ses monuments pompeux et ses énormes bâtiments municipaux,
construits à la gloire de l’unité italienne, ne font pas illusion. Ce ne sont
que les parements fanés et hors sujet d’une ville décatie qui essaie de nous
amadouer. Car, pour la quitter, on emprunte une autoroute sur pilotis qui
traverse de part en part la zone industrielle rouillée et fumante et les
quartiers bétonnés, et qui serpente ainsi jusqu’au sommet de la pente, là où
est creusé le tunnel qui pénètre en Slovénie.
Ljubljana. Voilà une petite ville de province propre
et pimpante. Elle est ceinte de hautes montagnes enneigées. Il y a un château
fort sur une éminence, et même un funiculaire pour y monter. Et pourtant les
touristes ne s’y précipitent pas. Il faut dire qu’il n’y a rien à y faire.
C’est là qu’on été enregistrés mes premiers disques de Chostakovitch, dans
cette collection bon marché. Incroyable : cette ville existe vraiment. A
l’époque c’était la Yougoslavie et le rideau de fer.
Vienne. Grande – disproportionnée, même – et majestueuse.
La quintessence de la capitale européenne : les palais, les constructions
du XIXème siècle, les boulevards, les trams. Le seul endroit au monde où
l’opéra diffuse des ballets sur écran géant le soir du réveillon, alors que la
foule s’éparpille partout dans les rues, déjà ivre. Les valses de Vienne
prennent soudain une autre couleur. Et puis il y a Barbara, la cathédrale, le
Danube et le Prater. Et on en revient une fois encore à S. Zweig.
Janvier 2013